Réalisé par Takashi Koizumi ,Avec Akira Terao, Yoshiko Miyazaki, Shiro Mifune, plus , Titre original : Ame agaru
Long-métrage japonais , français . Genre : Aventure , Drame , 01h32min
MON AVIS
Je ne le fais jamais mais je vous livre en copié/collé la critique sur Sancho Asia car devant une telle œuvre les mots me manque pour exprimer mes sentiments, je dirais juste :
Quand la simplicité touche au sublime.
http://www.sancho-asia.com/articles/apres-la-pluieQuand la simplicité se pare d’une humble beauté... Quelques mots qui traduisent avec finesse le sentiment d’humanité qui ressort de l’oeuvre posthume d’Akira Kurosawa : Après la pluie.
1998. Le maître du cinéma japonais décède à l’âge de 88 ans, quelques semaines seulement avant le début du tournage de son dernier film. Son équipe décide cependant de tourner le film afin de terminer son travail et lui rendre ainsi un dernier hommage ; c’est Takashi Koizumi, l’assistant-réalisateur de Kurosawa depuis 25 ans, qui se charge de la réalisation, étant a priori le plus à même de respecter la vision du cinéaste disparu.
Dans le Japon du 18ème siècle, Ihei Misawa,/ UN RONIN, / et sa femme Tayo se retrouvent coincés sur l’une des rives d’un fleuve en crue suite à une pluie battante. Réfugiés dans une auberge de campagne, ils font connaissance avec ses modestes occupants : les passeurs du fleuve, une prostituée, des vieillards, des enfants... Au fil des jours pluvieux qui se succèdent, une tension s’installe dans l’auberge, provoquée par la proximité forcée des occupants. Afin de calmer les ardeurs de tout ce petit monde, Ihei Misawa revient un soir, sans prévenir, avec des porteurs ramenant nourriture et saké pour tous ; un festin improvisé s’organise et ravive la chaleur humaine qui se dissimule chez tous ces pauvres gens, mais seule l’épouse d’Ihei devine que ce dernier a participé à un duel primé pour leur payer un souffle de bonheur...
Après la pluie est un film parfumé de végétation humide et luxuriante, celle qui orne les montagnes japonaises, et l’on en ressort avec une soif de vivre débordante. La rencontre du spectateur avec le personnage d’Ihei Misawa est inoubliable ; difficile de rater et de ne pas être contaminé par le sourire qui orne son visage en permanence. Au fur et à mesure que l’histoire se développe, on prend plaisir à le suivre, samouraï sans maître bien loin des acrobaties câblées et des ralentis stylisés ; ici, l’atmosphère est plutôt portée sur le chignon tiré, la nature et le coup de sabre qui tue. Dans une profonde veine intimiste, lorsqu’Ihei part s’entraîner seul en forêt, sa voix-off nous fait partager ses doutes liés à sa condition de Ronin, avant de laisser place au silence du vent, spectateur privilégié de la lame de son sabre.
Après la pluie est aussi une magnifique leçon d’amour, qui n’est pas sans rappeler celle de La Veuve de Saint-Pierre. On retrouve en effet la même noblesse de sentiments dans les deux films ; entre dévouement, respect de l’autre et non-dit, la relation tissée entre chaque couple semble atteindre le parfait. Et même si la tradition nippone du silence voile légèrement les liens entre Ihei et sa femme, la fin du film leur permettra de se retrouver plus proches que jamais face au quotidien ; Après la pluie, le soleil berce leurs visages sur la montagne. L’utilisation de la voix-off pour nous communiquer leurs sentiments est par ailleurs parfaitement appropriée au contexte, car elle nous fait pénétrer cet éther qui les relie et nous permet d’être dans la confidence du couple sans perdre l’intensité de leur langage implicite. Les dernières images restent gravées plusieurs minutes après le générique.
Après la pluie, de par sa nature posthume, est sans doute parsemé de brindilles précieuses déposées par l’âme de Kurosawa sur le négatif. Témoignage de la générosité d’une équipe pour remercier le maître du savoir qu’il leur a offert, l’atmosphère qui s’en dégage ne peut mieux correspondre à la définition de mélancolie souriante. Il ne vous reste plus qu’à le voir pour profiter d’un enchantement sur pellicule...